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Qi'ra - « He got out, I didn't » -

Lun 8 Mar - 21:39
Qi'ra Dawn

The Shadow's Face

Qi'ra Dawn
Groupe : Pro-Solo.
Crédits FC : À venir.
Avatars : Emilia Clarke.
Clan : Crimson Dawn.
Age : Inconnu : elle estime être près de la trentaine.
Codec envoyés : 5
Localisation : À bord du First Light


QI'RA '' DAWN ''

nom: Inconnu. Son nom lui avait été donné par association. Tant d'années s'étaient écoulées depuis son arrivée à Crimson Dawn... Qu'elle avait perdu tout autre repère. Elle n'était qu'une extension ; un être né par et pour le crime que l'Aube laissait derrière elle.▵ prénom : Qi'ra.âge : Inconnu. Les gens de son espère n'ont pas ce genre de privilège. Ils grandissent s'ils réussissent à survivre assez longtemps ; vieillissent si ils ont un peu de chance... C'est en se comparant aux autres qu'elle l'estime - quelque part un peu avant ou après 30 ans -  sans que cela ne change quoi que ce soit...lieu de naissance : Coronet City, Corellia.métier : Figure de Crimson Dawn.situation amoureuse : Célibataire.orientation sexuelle :Pansexuelle.traits de caractère : Ambitieuse - Amorale - Blasée - Calculatrice - Charmante - Créative - Intelligente -  Loyale - Masochiste - Rationnelle - Rusée - Secrète - Séductrice -  Stratège - Versatile groupe : Pro-Solo.avatar : Emilia Clarke. crédit avatar : Moi-même.


VOTRE HISTOIRE


Chapitre I : Qi’ra ;
Smuggler rat years.

“The human eye is a wonderful device. With a little effort, it can fail to see even the most glaring injustice.” – Richard K. Morgan (Altered Carbon).

Corellia avait cette odeur singulière.
Une odeur reconnaissable entre toutes si vous y aviez déjà mis les pieds
Une odeur qui vous collait à la peau si vous y restiez trop longtemps.
Un mélange d’huile, d’eau stagnante et d’un petit quelque chose... Indéterminée.
Pas exactement fétide, pas tout à fait aigre…
Juste quelque chose.
Sans nom ; sans définition.
Les enfants du White Worms en étaient teintés… Et les bons citoyens de la surface de Coronet City savaient s’en préserver : nul ne voulait se faire identifier avec ceux qui grouillaient sous leurs pas.
Des bruits de sirènes résonnaient encore au-dessus de leurs têtes.
Qi’ra faisait son possible pour rattraper Han, à bout de souffle. Une douleur familière élançait ses membres postérieurs.
Leurs jambes éclaboussées par l’accumulation des liquides usés des égouts n’avait pas ralenti leur cadence ; pas plus que l’obscurité environnante : ils n’avaient pas besoin de la lumière pour pouvoir rentrer chez eux.
Chez eux.
C’était un mot qui lui apparaissait encore prohibé par moment, « eux. »  
Elle et Han.
Loin de la lueur de la ville, ils s’arrêtèrent à une intersection ; haletant, mais le rire victorieux : ils avaient réussi.
Sur leurs bouches, il y avait encore l’ombre des baisers qu’ils avaient échangés devant les forces de l’ordre lorsqu’ils avaient saisi les informations des prochains débarquements en orbite. Narguant leur succès par l’exhibition troublante d’une affection qui, jusqu’à peu, était encore hors de question, ils avaient conclu leur mission par une des seules choses dans laquelle ils excellaient : fuir.
Ils continuèrent de s’engouffrer un peu plus profondément dans le labyrinthe humide et étouffant.
La noirceur avait été réconfortante à plus d’une occasion, leur épargnant les regards curieux des passants et de la circulation fluide de la planète.
C’était une routine ; une certitude bizarrement réconfortante. Le bras étendu et la main enchainée à celle de l’adolescent, elle le suivait aveuglément.
Le suivait parce qu’ils n’avaient nulle part d’autre où aller.
Elle était son ombre ; il était la sienne.
Et dans les souterrains de Corellia, ils s’étaient fondus dans le sordide décor du ventre de Coronet City.


“Culture is like a smog. To live within it, you must breathe some of it in and, inevitably, be contaminated.” – Richard K. Morgan. (Altered Carbon)

Les orphelins des systèmes n’étaient pas chose rare.
Ils rampaient, envahissaient comme de la vermine les niveaux supérieurs des plateformes habitées.
Intarissablement ; inévitablement.
Sous le regard indifférent de la populace, ils jonchaient les trottoirs ; affamés et blêmes.
Ils patientaient pour une main clémente ; une bourse mal gardée.
Une faiblesse d’âme ou physique.  
Et parmi la fourmilière de la cité, elle avait atterri comme tous les autres, sans repère, les mains vides, l’estomac creux.
Ses grands yeux livides portaient des cernes de siècles qui avaient passé précocement sans s’en rendre compte.
Les Orphelins de Coronet étaient des orphelins comme il s’en faisait partout.  
Épuisés, plus vieux que leur âge, désespérés.
Des survivants de fortune. Bon gré, mal gré.
Elle n’était pas bien différente du reste. Chétive, perdue… Dépendante de ces Autres plus expérimentés qui vivaient dans des communes insalubres ; des bidonvilles terreux dégoulinant sous l’étalage industriel de l’apparat civil.
Comme eux, elle ne possédait rien. Ou presque.  
Des loques et des souvenirs flous de gens qu’elle aurait peut-être aimés, à une certaine époque.
Des gens dont elle ne se rappelait ni de la voix ; ni du visage.
Des fantômes de souvenirs, des impressions vagues.
Vastes lorsque son imaginaire d’enfant cherchait à se rassurer.
Dans la mêlée de la foule, elle rôdait, sans nom, indéfinissable.
Comme l’odeur qui avait incrusté ses veines.
C’était une marque ; un rappel.
C’était ainsi qu’ils se reconnaissaient entre eux : qu’ils se limitaient à leur propre espèce.  
Jusqu’à ce qu’elle se dote d’un prénom elle-même : Qi’ra…
Elle ne se rappelait pas exactement quand elle avait décidé qu’il était le sien ; un peu avant qu’elle apprenne à lire grâce aux soins de Lady Proxima, un peu après…
Était-ce une histoire ou une berceuse… Une rumeur, peut-être.
Ou était-ce le nom de la Dame en Rouge qui traversait les rues de Coronet tous les soirs à l’intérieur de son vaisseau dont elle ne connaissait pas encore le modèle.
Les velours de sa robe ; les plumes de son manteau.
Et elle avait entendu un Bith le mentionner : « Qi’ra. »  
La sonorité lui avait plu.
La vision, obnubilée  
Et comme beaucoup, elle avait adopté son nom comme une seconde peau, l’avait enfilé comme le manteau de plumes de la Dame en Rouge ; une armure qui la laisserait bientôt insensible au Monde.
Un rempart entre ce qu’elle était et ce qu’elle devait être afin de survivre.

Han faisait partie des infortunes qu’elle côtoyait.
Il était une constante. Une récurrence rassurante.
Ils ne s’étaient jamais entendus sur rien, ne s’étaient même jamais arrêté à en savoir davantage sur l’un et  sur l’autre : ils se savaient du même amalgame.
Un assemblage basé sur les carences.  
Lorsque Lady Proxima les avaient repérés, il était trop tôt pour qu’ils se défilent, prisonniers du besoin criant d’un sentiment d’appartenance.
Le rassurant sentiment d’être lié à quelque part. À quelqu’un.
Ils n’avaient pas neuf ans, l’un comme l’autre.
Avides.
C’était ce que le manque créait chez les orphelins : l’avarice, le désir, l’envi…
Les mains malignes, capables de tout saisir dans l’insouciance, dans l’idée de vouloir être ; d’être reconnu.
Le Crime avait toujours su quoi faire de ces mains. Comment les mettre à l’œuvre sans jamais salir les leurs.
Ils n’avaient pas neuf ans et les White Worms étaient devenus ce qui les faisaient manger régulièrement.
Ce qui les tenait en vie un jour après l’autre.
Ce qui les liait au-delà de la ressemblance de leur situation.

Puis ils avaient vieilli.
Grandi de façon si similaire qu’il était parfois difficile de les dissocier.
Qi’ra avait compris que si elle voulait survivre, elle devait s’en tenir à Han.
La réalisation avait été réciproque : ils étaient des piliers.
Une manière de garder des rêves à jour ; de ne pas s’affaisser dans les bas-fonds de Corellia.
Leur amitié enfantine s’était alors mutée en relation amoureuse lorsque Lady Proxima avait promu la jeune femme à la tête des rangs de la colonie criminelle, malgré la dualité de Han à ce propos.
Amants d’abord, amis ensuite, mais rivaux toujours.  
Et s’il y avait une chose qui les avait toujours tenus soudés depuis l’enfance, c’était la promesse.
Cette promesse d’un jour quitter Coronet City.
De vivre quelque part dans la galaxie.
Quelque part… N’importe où.
Juste eux, un vaisseau, les étoiles et la galaxie.
Rien d’autre.

Chapitre II : The Crimson Dawn’s Lieutenant ;
Slave years.

“The way I see it, there’s only three kinds of people in this world. Bad ones, ones you follow, and ones you need to protect.” -  James S. A. Corey (The Expanse)

Avec le temps, Qi’ra avait appris plusieurs concepts fondamentaux.
Que pour exister, il fallait avoir un statut.
Que ce statut était difficilement atteignable lorsqu’on était le produit des tréfonds de la galaxie.
Que ces tréfonds ne pouvaient être conquis que par la vente partielle ou totale de soi.
Que ce soi ne lui appartiendrait probablement jamais…
Et que jamais les promesses de cette liberté ne seraient autre chose que des mots.
Han avait réussi à s’enfuir de Coronet City 39 mois auparavant.
Le coaxium qu’il avait dérobé aurait dû être leur laissez-passer hors de Corellia.
Rien ne s’était passé comme prévu.
Elle se remémorait parfois l’écho de son nom pendant que les Troopers la maintenaient au sol, Han derrière les barrières qui menaient aux quais d’enregistrement.
C’était sa seule chance et Han l’avait prise, criant à tue-tête un autre serment dans le brouhaha de la station.
« Je reviendrai. »  
Elle l’avait regardé partir, entre la fierté et l’excitation de le voir réussir ; et le dégoût des mains qui la placardaient sur le plancher.  
Han avait pu s’enfuir ; Han était libre.
Han…
Lorsqu’on l’avait jeté en cellule pour avoir tenté de franchir les frontières, toutefois, rien n’avait pu la préparer à la lourde réalisation que lui renvoyait le silence de son huis-clos.
Qi’ra était seule.
Pour la première fois, depuis longtemps, il n’y avait plus personne.
Seulement une promesse d’attente.
Et le bruit sourd du silence.

Depuis, elle avait fait le deuil de plusieurs choses.
Enfermée durant des semaines dans des conditions qu’elle avait tôt fait d’exécrer, les jours qui se succédèrent jusqu’à sa libération vinrent confirmer que sa survivance ne tenait qu’à ce qu’elle laisserait derrière.
À l’exception d’une chose : l’espoir que peut-être… Peut-être que Han réussirait à revenir.
En attendant, elle devait trouver un moyen de tenir.
On n’avait pas payé sa caution, on l’avait laissée derrière… Et sa peine payée à la société, elle revint dans les rues de Coronet City avec ce qui lui avait le plus manquer : le vacarme.
Les rumeurs. Les sons stridents. Les odeurs crades et métalliques de l’industrialisation de la ville.
Autre chose que la répétition de son propre chaos entre ses deux tempes.

Lady Proxima n’avait pas apprécié leur « petite escapade… » Encore moins la méthode employée pour annoncer leur grand départ.
Elle portait encore les marques de l’attaque d’Han sur ce qui, l’humaine présupposait, était son abdomen…
Mais Qi’ra était seule et elle ne savait pas vers qui se tourner et elle connaissait le prix de faire partie des White Worms : on en sortait les pieds devant ou pas du tout…. Alors lorsque Lady Proxima l’avait conviée, elle avait cru, innocemment qu’elle aurait une deuxième chance.
Sans crédit, ou presque, et avec un dossier criminel officiel au-dessus de sa tête, il n’y avait que peu de gens qui auraient accepté d’engager un rat des rues dont le visage était connu des autorités.
Devant l’air circonspect de la Grindalid, elle avait plaidé sa cause autant qu’elle avait pu, mais la trahison des White Worms devait être punies.
Et Qi’ra devait être remise à sa place.
Son bon discours de loyauté, de perdition, de grands rêves ; les gens ne s’en tiraient pas pour des idéaux.
Ils n’étaient pas des rebelles, ils étaient des criminels.  
Ce ne fut que lorsqu’elle avait aperçu les traits creux et malins de Sarkin Enneb près de Proxima, qu’elle avait compris ce dont il était question…
Ce n’était pas un procès : c’était une livraison de marchandise dont elle faisait partie.
Han avait eu raison de vouloir partir : la tête des opérations des White Worms pourrait toujours être remplacée… Elle avait simplement eu de la chance durant quelques temps.
Dans une fausse prospérité.
Elle avait tenté de se débattre lorsqu’il s’était approché, de supplier Proxima, les autres membres du groupe, annihilant tout ce qui lui restait de fierté…
Mais son sort avait déjà été scellés et Enneb avait « d’autres usages pour elle. »
Plus rentables ; avec des clients qui ne rigolaient que très peu avec la loyauté de leur entourage.

En tant que voleuse, elle avait toujours eu le choix, pour le peu qu’il valait : ce qu’on venait de lui faire, c’était lui retirer tout semblant d’intégrité.
Esclave.
Le mot roulait sur sa langue, un goût de bile dans sa gorge dont elle ne pouvait pas se débarrasser.
Tous les efforts qu’elle avait faits jusque-là s’étaient évaporés.
Il ne restait de Qi’ra de Corellia qu’un nom qui serait bientôt oublié.  
On lui passa les menottes, on l’obligea à embarquer dans un vaisseau inconnu, à se vêtir et se maquiller pour des enchères dans l’Outer Rims…
D’autres usages… Elle avait ri tristement en se rappelant ces mots.
Elle qui avait autrefois voulu quitter Coronet City, elle ne s’était jamais imaginée regarder derrière et implorer qu’on la garde encore un peu.


“Everyone's a whore, Grace. We just sell different parts of ourselves.” – Steven Knight (Peaky Blinders)

Enneb avait tous les critères requis pour être un excellent vendeur d’esclaves, tout comme elle se l’était imaginée.
Les services particuliers, les épices, les démonstrations, les soirées, le sexe ; elle ne s’était jamais faite d’illusion à ce sujet : Elle savait pourquoi on faisait appel à des esclaves.
Son sort ne ferait pas exception.  
Avec le temps, alors qu’elle avait cru être complètement anéantie, elle se découvrit une résilience qui lui permettait encore d’être lucide ; de garder sa tête loin de ce qui se déroulait autour d’elle.
Sur elle.
En elle.
Elle s’était faite un peu plus dure ; à peine assez docile au goût de Sarkin, mais juste assez pour devenir intrigante sans l’aspect de l’insolence.
Elle avait appris à ses dépens comment se taire, comment se fondre à un autre décor ; à devenir distrayante au besoin, utile lorsque nécessaire.
Autant que l’aspect de cette vie nourrissait une haine froide envers son propriétaire, il y avait une chose qu’elle pouvait admirer chez Enneb : si Proxima avait manqué d’ingéniosité pour garder ces agents au pas, l’alien s’était prouvé… Créatif.
Chacun d’entre eux avait une puce au poignet ; marqué comme on marque un animal afin de le retrouver aisément et l’abattre en cas d’insatisfaction…
Cette puce qu’elle grattait à répétition ; annulant la cicatrisation de l’implant…
Elle était calme, mais pas inconsciente… Ce qui se déroulait depuis plus d’un an avait laissé des marques indélébiles sur sa personne…
Et Qi’ra, au lieu de se retrouver actrice de son existence, était passée au second rang.
Une simple spectatrice qui attendait la fin du spectacle… Incapable de s’achever elle-même ou… d’achever quiconque pour la cause.

Elle observait, sans rien dire, la dynamique des soirées, des acheteurs, des intéressés, des conversations…  C’est à cette époque qu’elle avait commencé sentir les gens… Pas nécessairement de façon directe : elle pouvait les lire, les comprendre.
Ce n’était rien d’extraordinaire, mais suffisamment intéressant pour que cet attrait n’échappe pas à Enneb et que d’autres tâches lui soient attribuées.
Et sans qu’elle-même ne s’en rende compte, quelqu’un d’autre semblait avoir pris connaissance de cette particularité.  
Dryden Vos.
Tête des Crimson Dawn, le groupe criminel s’était fait un nom auprès de la Death Watch, des Pykes et des Black Suns quelques années auparavant.
Le Shadow Collective.
Enneb faisait souvent affaire avec le vaisseau de Vos, First Light, lors des soirées de « reconnaissance.» Les esclaves et les escortes étaient devenus des denrées communes et nécessaires à des fins on ne peut plus évidentes. L’alcool, l’épice, la nourriture, la musique, le sexe ; sur un fond d’opulence dont la décadence aurait fait pâlir les premiers niveaux de Coruscant.
Les goûts distingués du presque-humain attiraient autant les criminels que certains invités de choix pour « solidifier des alliances. »
C’était une façon élégante de parler de pot-de-vin et d’accord sur comment tourner l’œil lors du passage de certaines cargaisons sous le nez de l’Empire.
Certains membres des corps armés avaient eu le loisir d’être honorés à ces soirées, Qi’ra, silencieuse dans un coin de la pièce, en espérant qu’on ne prenne aucun intérêt en sa personne.
Non, elle étudiait.
Il lui arrivait de fermer les yeux et pouvoir connaître exactement ce qu’un Pyke désirait… Ou encore l’espace d’un moment sentir la réticence d’une esclave qu’on venait d’attribuer à un convive…
Et puis une rage.
Chaude ; brûlante.

« Sensible à la force, hum? »

Sa voix l’avait fait sursauter, mais elle n’en avait rien laissé paraître.
Un sourire automate épousa ses lèvres.

« Monsieur Vos. »

Une altercation qui aurait dû se limiter à une nuit devint ce qui ajouta un troisième maître au carnet de la jeune femme.
L’humanoïde y avait veillé scrupuleusement, achetant l’esclave avec un intérêt modéré.
Intérêt qui ne fit que croître quand il mesura les capacités de Qi’ra à utiliser ce qui appelait la Force.
Rien de comparable aux récits des Jedis… Mais quelque chose, sans nom.
Indéfinissable.
Comme elle l’avait toujours été.
Un petit quelque chose de plus.
Mais sans plus.
Elle avait troqué sa puce contre une marque au fer rouge, masquant tout ce qui aurait pu la relier à Eneeb.
Son autorité ; sa propriété.
Elle était sous le joug d’un autre clan…
Et elle le devait à quatre petits mots : « sensible à la force. »
Sensible à la force était un terme fort. Elle s’était toujours considérée comme perceptive et son environnement avait contribué à développer cette faculté.
Il en allait de même avec la facilité déconcertante qu’elle avait à deviner les gens avant même qu’ils n’aient ouvert la bouche.
Dryden Vos avait été séduit par cette étrange aptitude à le lire sans qu’il n’ait besoin d’expliciter quoi que ce soit.
Qi’ra était… prometteuse.
C’était le mot qu’il avait employé d’abord lorsqu’elle était encore une esclave accrochée à son bras.
Non, Vos, à défaut d’être quelqu’un de très posé était un être sensé.
Abrasif, incontrôlable, turbulent… Mais sensé.
Certains le qualifiaient de bombe à retardement; Qi’ra avait appris à le trouver prévisible.
Elle connaissait les moindres de ses expressions, les moindres variantes.
Il agissait en fonction de ce qu’on attendait de quelqu’un de son statut.
Et ce qu’on attendait de lui ne pouvait être faible… Et pourtant, elle avait appris à devenir une faille.
Elle était devenue une pièce d’un casse-tête dont elle ne connaissait ni le dessin, ni son extension…
Et derrière l’ombre de Dryden Vos d’abord, elle avait gravi les échelons jusqu’à se reposer auprès de son épaule : une main au bas de son dos, l’autre tour de sa gorge.
Cette affection malsaine qu’entretenait son nouveau propriétaire avait fait d’elle bien plus qu’une simple esclave : elle était devenue une associée.

Il lui avait offert des opportunités.
Des « tests du maître », comme il se plaisait à dire en passant sa main derrière sa nuque.
Des missions qu’il n’aurait sans doute attribué à personne d’autres… Mais rien de comparable à une opportunité qui allait changer le cours de son existence : tuer Sarkin Enneb.
Ce n’était pas une obligation : c’était une offrande qu’il lui avait faite, ses doigts cajolant ses cheveux au détour d’une discussion.
Son souffle sur sa tempe était un geste d’habitude. La douceur lascive de ses mouvements révélait la certitude que ses pensées étaient occupées à autre chose ; distante et lente.
Cependant, les mots qu’il lui offrit n’étaient en rien ce à quoi elle s’attendait.
« Teräs Käsi. »
Étrange. Distant. Incompréhensible.
Ils étaient quelque chose de si interdit qu’elle ne les prononça pas en retour… Mais elle accepta.
Treize mois plus tard, une lame à la main, elle avait défait Sarkin Enneb jusqu’à ce que le corps soit inidentifiable.
Et tremblante, incapable de la moindre parole, Vos s’était penché vers elle.
Il l’avait serré, l’avait embrassé alors que sa propre colonne ne la soutenait plus.
Qu’elle retenait ses tripes de se répandre.
De hurler jusqu’à ce qu’elle s’éteigne.

« Félicitations, Qi’ra.
Tu as surpassé les attentes. »


Ses mains enlacèrent son cou, une chaîne dorée longeant désormais ses trapèzes.
Le poids de l’or…
Et l image d’un soleil qui se mourrait à l’horizon qui reposait juste au-dessus de cœur.

« Bienvenue à Crimson Dawn. »



“I didn’t kill him because he was crazy. I killed him because he was making sense.”
James S. A. Corey (The Expanse)

Crimson Dawn avait obtenu le tier du marché d’esclaves.
Elle aurait dû se douter que ce qu’on lui offrait avait un prix : rien n’était gratuit dans le monde du crime…
Et chaque occasion avait un revers.  
Elle avait toujours ce désir viscéral d’appartenir.
D’être quelqu’un. Quelque part.
Ce qui l’avait répugné corps et âme était seulement devenu une affaire de profit ; de profession.
Elle ne pouvait plus accorder la sympathie ou la compassion dont on s’attendait d’une ancienne esclave puisque, comme Dryden Vos lui avait plaisamment signalé, ce n’était pas son rôle d’être sentimentale.
Être efficace, perspicace, adaptable.
Son univers n’avait désormais plus rien de personnel.  
Lieutenant auprès du Clan, elle avait repris la plupart des activités d’une des mafias les plus puissantes de la galaxie, accotant presque l’influence des Hutt.
On pouvait dire ce qu’on voulait du crime organisé… il avait le bénéfice d’être organisé… Et si on savait exactement quoi offrir et à quel moment, cette organisation ne pouvait que s’avérer prolifique.
Ils avaient consolidé les alliances avec les Pykes par la distribution de l’Épice dans les milieux les plus favorables à l’achat - y compris dans leurs propres quartiers. Les Black Suns avaient eu droit à leur plus grande collaboration lors de la revente d’armes auprès de quelques membres de ce qu’ils considéraient la Rébellion et d’aide supplémentaire lors de certains passages difficiles à travers les lignes impériales. D’autre part, le contact avec la Death Watch, tendu malgré les quelques fidèles qui avaient rejoint le « Maître, » avait permis de mettre sur pied une entente qui les préservait de se désagréger complètement. Les Mandaloriens étaient connus pour leur code et il aurait été peu sage de diviser les membres entre leur culture, leur honneur et leur loyauté davantage.  
Les Hutts s’étaient retirés de l’alliance quelques semaines plus tôt sous les ordres de Jabba qui considérait leurs arrangements peu favorables à leur parti. Qi’ra avait été la première envoyée pour rétablir l’indisposition du Seigneur du Crime par tous les moyens à sa disposition.
La situation était précaire, mais pas désastreuse.
Juste… Délicate.
Et toutes ces décisions délicates étaient reléguées à Qi’ra.  
Vos parlait d’un doigté de femme ; le Maître disait plutôt qu’elle savait faire preuve de diplomatie, chose que Dryden manquait à plus d'une occasion.
« La main de velours dans le gant de fer qui vous manquait, Vos. »
La remarque l’avait troublé au point d’accepter tout ce qu’on lui soumettait.
C’était le premier compliment que le Maître lui eut fait.

Et durant qu’elle prenait ses aises, qu’elle acceptait enfin ses nouvelles fonctions, de peine et de misère…
Que son nom se ficelait aux grandes artères du monde criminel, il était réapparu.
Han.
Elle avait longtemps cru qu’il aurait été un souvenir comme tous les autres.
Qu’il se serait dissipé avec le temps.
Mais en travaillant pour Vos, Qi’ra avait oublié de que c’était, la sensation d’être… soi-même…
Elle avait pris l’habitude de se mettre en position de grandeur ; d’être plus imposante en apparence pour marquer l’auditoire comme elle, on l’avait marquée.
Ses vêtements d’Esclave avaient été remplacés par les plus fines textures et les bijoux les plus extravagants…Une autre forme d’exploitation dans laquelle elle s’était coupablement plu.  
Et toujours, à sa gorge, l’ornement triomphale de Crimson Dawn glissant jusqu’à son sternum.
Comme une laisse, une limite.
Le rouge carmin sur ses lèvres figeait son expression, le noir autour de ses yeux rendait son regard plus remarquable… Rien ne lui appartenait.  
Était-ce ainsi que la Dame en Rouge se sentait quand elle sortait dans les rues de Coronet City?
Plaquée, armée jusqu’aux dents dans un attirail dont on l’avait drapé de force?
En oubliant… Ce qu’on avait été.
C’était ce que Han avait signifié lorsqu’il était apparu dans ses vieux habits de pilote auprès de Tobias Beckett.
Être Qi’ra de Corellia… Une dernière fois.
Avec les mêmes motifs, les mêmes objectifs ; à la cherche de coaxium sur un vaisseau pour s’évader de la menace des Autres.
C’était à nouveau eux contre le système : ils étaient inarrêtables.
Et pendant un temps, elle s’était perdue au jeu.
Elle avait joué son rôle si bien qu’elle en avait presque oublié ses obligations.

La réalisation l’avait étranglé.
Le retour d’Han avait été une erreur.
Une profonde et irrémédiable erreur.
Son corps avait trop supporté pour revenir à la Qi’ra qu’il tentait en vain de décrire avec des souvenirs et de vieux sentiments.
Le temps avait fait son œuvre ; les gens aussi…
Et si elle avait, pourtant… Succombé, un peu en sa présence…
Elle s’était violence pour se rappeler ce qu’elle était devenue.  
Han était ce que les gens pouvaient appeler un optimiste… La guerre avait fait de lui un outil de l’Empire… Et malgré ça, il avait gardé la conviction des rêveurs ; l’espoir des indomptables…
Il avait encore des idéaux, la volonté de faire ce qui devait être fait.
Il était quelqu’un de bien.
Et lorsque leur chemin avait croisé Enfys Nest, qu’il avait senti que ce qu’il était en train de faire était devenu profondément absurde et injuste…
Il avait senti le besoin de reconsidérer ses options.
Non, Han n’était pas fait pour ce genre de crime ; ce genre d’exigences…
Et elle ne pouvait pas lui imposer ces décisions… Parce que lui, contrairement à elle, il avait encore le choix.
Qi’ra n’avait plus le luxe de rêver.
Ses mains ne pouvaient plut offrir quoi que ce soit à quiconque.  
Sa laisse ne lui permettait pas de faire un pas de plus…
Si ce n’était que de faire la seule et dernière chose qui pouvait lui sauver sa liberté à lui.

Lorsqu’ils s’étaient retrouvés devant Vos, Qi’ra avait pensé à toutes les options possibles.
Elle avait calculé et recalculé la distance entre les présentoirs de chaque artefact ; leur utilité.
Qui était les gardes présents, qui pourraient être prévenus.
Mais sa décision était prise et elle avait fait, pour la première fois depuis elle ne savait plus quand… Ce qui devait être fait.
Vos s’attendait à être trahi par Beckett ou Han. Éventuellement.  
C’était ce qu’il appelait les risques du métier…
Mais il avait un angle-mort, un angle qu’il avait chéri et conçu depuis tellement d’années…
Il lui avait même inculqué l’art d’utiliser les faiblesses de l’ennemi contre eux… Et elle avait tôt fait de connaître la faiblesse de l’humanoïde.
« Tu es ma vie, Qi’ra. »
C’était la phrase la plus humaine et la plus dévastatrice qu’elle ait jamais entendue.
Elle se rappelait ses yeux lorsqu’elle s’était retournée vers lui, le sabre dans sa poitrine… Et les lèvres chevrotantes et les mots qui ne pouvaient en sortir.
Ce n’était pas de la crainte qu’il y avait dans le regard de Vos lorsqu’elle l’avait abattu : c’était de l’incrédulité.
Il avait rendu son dernier souffle sans comprendre ce qui était en train de se produire… Et Qi’ra s’était sentie mourir un peu avec lui.
Il n’aurait sans doute jamais hésité à se défaire d’elle si la situation l’aurait requis…
Alors pourquoi même dans cette position se sentait-elle perdante?

Vos avait sous-estimé une chose : elle ne l’avait jamais craint… Et son affection pour Han était beaucoup plus profonde que la peur d’une quelconque punition.
Elle était déjà passée par-là…
C’était une douleur familière, une vieille amie.
Sans doute ne l’avait-il jamais considéré comme une menace…
Parce qu’il craignait autre chose.
Quelque chose de beaucoup plus sinistre.
Lorsque Han avait quitté la somptueuse embarcation pour aller secourir Chewbacca, Qi’ra savait déjà qu’ils ne reverraient jamais.
C’était… Une façon de rompre pour de bon et dans un dernier effort de faire la bonne chose.
Ce qu’ils avaient été, adolescents. Ou un peu après.
Où tout était moins compliqué.
Où elle n’avait pas rejoint Crimson Dawn…
Où elle avait réussi à s’enfuir avec lui sur Corellia…
La pensée, aussi idiote puisse-t-elle être, l’avait réconfortée.
Le pas lent, elle avait attendu d’être complètement certaine d’être en contrôl avant de s’approcher de Vos et lui retirer l’anneau autour de son majeur.
Son corps était encore chaud… Et elle avait gardé sa main un peu trop longtemps dans la sienne pour qu’elle ne sente pas la culpabilité l’agripper, insidieuse.
Ses yeux vides n’étaient pas dirigés vers elle, mais elle pouvait encore le sentir, là, désapprobateur.  

Elle devait se reprendre.
Se rappeler pourquoi elle avait … Tué Dryden Vos.
C’était la seule chance pour Han d’être blanchi.
Une dernière fois.
Elle se releva pour redevenir Qi’ra, la lieutenante du visage de Crimson Dawn.
Elle s’approcha du bureau de ce qui avait été celui de Vos jusqu’à quelques secondes auparavant et elle fit ce qu’elle l’avait vu faire des centaines de fois, dans un coin de la pièce, les mains sur ses genoux et l’échine droite, en spectatrice.
Elle inséra le jonc à l’intérieur du dispositif holographique et communiqua avec le Maître.
Dans la lumière bleutée de la conférence, l’hésitation de son interlocuteur fut brève mais claire :
pourquoi l’appelait-elle, elle.  

« J’ai le regret de vous informer que Dryden Vos est mort. Assassiné par le voleur qu’il avait engagé afin de récupérer la cargaison de coaxium, son ami, Tobias Beckett.  »  

Ne pas baisser les yeux.
Ne pas le laisser lire ses pensées.
Ne pas fléchir.
Elle avait fait un compte rendu robotique ; factuellement faux.
Sans la moindre trace de témoin.
La forme sombre ne semblait que peu réagir, contrairement aux élans de colère dans lesquels son patron aurait déjà été.
Il retira son capuchon et Qi’ra prit connaissance d’une émotion qui l’a surpris davantage.
La colère chaude et vive qu’elle avait pris l’habitude de ressentir sur le First Light avait fait place à une consoeur. Paisible. Contenue.
Il était… Irrité… Mais pas déconcerté. Elle connaissait ce ton : c’était celui qu’il adressait quand il n’avait pas totalement évincé la possibilité d’un échec.
Il la questionna à plusieurs reprises : « où était la marchandise ? » ; la corrigea « personne n’aurait pu freiner l’opération en étant seul. »
Mais Qi’ra avait gardé son sang-froid, son esprit complètement hors d’atteinte dans les dernières techniques du Teräs Käsi que lui avaient apprises Vos.
Son rire la figea sur place, laissant le corps de la jeune femme prostré ; statique.
Et elle se répétait mentalement son mantra : elle ne céderait pas.
Il l’avait deviné…
Le grain guttural de sa voix frappa sur chaque mur de la pièce. Un écho familier auquel elle ne s’était jamais fait.
Elle enregistra ses nouveaux ordres et bien avant qu’elle ne quitte la conversation, elle le vit faire ce qu’elle croyait être mythe ou encore un mensonge de Vos.
Il étira son bras pour appeler un manche de fer…
Puis une lumière et un tintement inconnu.
Quelque chose qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de voir de ses propres yeux.
Un sabre laser.

« Qi’ra… Vous et moi… Allons travailler de très près à présent. »


La menace était sous-entendue. La menace était néanmoins claire : il savait.
Il savait et c’est peut-être en espérant qu’il mette un terme à leur collaboration qu’elle avait ordonné qu’on entre les coordonnées de Dathomir.
Qu’elle avait trahi la seule autre personne autre que Han qui lui avait démontré de l’affection…
De la considération…
Et que pour préserver ce qu’elle considérait encore d’intact chez Han…
Elle avait menti.
Et elle avait embrassé ce qui pourrait être son dernier voyage à travers la galaxie.


Chapitre III : The Shadow’s face ;
Last years.



‘’Stars are better off without us.” - James S. A. Corey (The Expanse)

Dathomir.
Rouge et brumeuse.  
Rouge et sanglante.
Rouge et seule.
Qi’ra avait vu des endroits désolés par la population; des endroits ravagés des fléaux inimaginables…
La famine. La guerre. La maladie. La pauvreté.
Mais rien n’était comparable à Dathomir.
L’odeur lui rappelait étrangement les sous-sols de Corellia.
Ce je-ne-sais-quoi qui en dit bien plus long que n’importe quelle définition.  
Lorsqu’elle y avait touché terre, il était déjà sur la plateforme, mains liées derrière le dos, le torse bombé.
Lui aussi se faisait plus grand que nature.  
Placide. Les yeux rivés sur chacun de ses gestes alors qu’elle descendait de la rampe; pensif, tactique.
Calculateur.
Elle connaissait ce regard.
Elle l’avait vu à chaque mission, à chaque soirée.
Dryden avait été terrible à plus d’un égard, mais il lui avait appris à endurer bien pire que les attentes d’autrui à son égard.
Elle avait été pratique, soumise dans sa méfiance.
Elle savait comment se mettre à genoux ; on lui avait fait comprendre les risques de contrevenir certaines formalités.
Les circonstances étaient simplement différentes.
Les attentes aussi.
Ses yeux ne s’étaient relevés que lorsqu’il lui avait permis de le faire.
Elle l’avait suivi sans un mot, sa concentration a décortiqué chaque détail de son environnement.
La pierre noire des marches d’un temple vide.
Des vestiges de colonnes, de poutre de suspension.
Le son métallique des pas de son hôte sur les dalles.
Le regard lourd de quelques habitants qu’elle avait identifié comme Mandoloriens par leur armure.
Le tintement des droides, dont certains modèles d’astromech qu’elle-même utilisait sur First Light.
La couleur carmin de la terre contre les éclats violacés d’un ciel qui avait trop saigné pour se couvrir de bleu.
Le recroquevillement des arbres, de la végétation, comme ils craignaient ce qui sondait leur propre surface.
Les grandes statues qu’on avait jetés au sol ; leurs visages figés dans le cri muet d’une langue dont elle ne savait rien.
Un autel entouré de décombres.
Elle avait entendu parler des sorcières natives, les Sœurs de la Nuit… Mais elle n’avait jamais été que des contes.
Alors pourquoi était-elle en train de remettre en doute la nature fictive de ce qui l’avait empêché de dormir. Enfant?
Dathomir, la planète écarlate aux rumeurs bruyantes.

Lorsqu’ils pénétrèrent dans un antre aux plafonds si haut qu’elle n’arrivait pas à l’apercevoir dans la noirceur, elle savait que son trajet allait s’achever.
Le Dathomirien lui avait fait signe de s’arrêter.
Elle avait obéi.

« Dites-moi, Milady… Me feriez-vous l’honneur de me raconter tous les événements qui ont mené à la mort de Dryden Vos … » Il avait gravi un petit escalier qui le mettait en position de supériorité spatiale et s’était assis sur ce qu’elle avait identifié comme un trône : « Depuis le début, je vous prie.  »

Milady.
Le titre la fit frémir.
Il l’avait utilisé consciemment.
Il l’avait utilisé pour la provoquer : la mettre au pied du mur. Lui donner un faux sentiment d’égalité.
Leurs positions indiquaient tout le contraire.
Mais elle se rappelait les dernières choses qu’elle s’était promise : ne pas fléchir, ne pas baisser les yeux. Ne pas céder.
Elle avait effacé plus d’une fois les passages de Crimson Dawn… La seule différence à ce moment était pour couvrir ses propres traces.
Elle avait répété le récit qu’elle avait préparé durant leur trajectoire.
Tobias Beckett était à la rencontre de Vos en son absence et avait repris de Coaxium. Il avait assassiné l’équipage, Vos y comprit, avant ou après avoir effacé tous les enregistrements de surveillance. Elle avait tenté de retrouver la mémoire de leurs droids, mais aucun n’était en état pour être récupéré.  
Elle avait trouvé le corps de Vos dans ses quartiers.
La chronologie était ensuite plus claire parce qu’elle était vraie : elle avait appelé le Maître, demandez des renforts en cours de route pour nettoyer les cadavres et le vaisseau.

« Si j’avais été présente, peut-être aurais-je pu intervenir… » La dernière phrase mourut sur sa bouche avec un amer arrière-goût.

Il n’avait pas bougé d’une semelle.
Il l’observait dans le silence le plus complet.
L’écho du néant de la cave qui lui servait de repère.
Sa respiration s’était presque arrêtée.  
Elle n’osait même pas cligner des paupières.

« Je me demande… » Dit-il enfin.

Il s’était arrêté dans sa propre phrase, ses iris luisant dans la pénombre de la pièce.
De l’ambre.
C’était la première fois qu’elle y faisait attention.
Il était la seule chose qui radiait dans la pièce… Et elle était prête à parier qu’il l’avait entrainée jusque-là pour une raison qui lui avait échappée..
Elle se maudissait pour son manque de prudence.  
Il se releva dans une lenteur qui ne fit qu’accentuer la tension de son échine.
Il avait étiré son bras afin de s’emparer d’une vibrolame, longue et affilée… Et sans le moindre effort, il la jeta en sa direction,
Par réflexe, elle l’attrapa sans même que son esprit n’intervienne.
Son corps avait bougé tout seul.
Et lorsqu’elle redressa la tête, elle ne vit que la forme imposante du Zabrak chargée sur elle à arme égale.
Elle retint un petit cri de surprise en bloquant le premier coup.
Ses pieds glissèrent en arrière dans l’élan.
Qi’ra n’avait jamais été prise autant au dépourvu… Elle connaissait les mouvements de Vos, les parades, les ripostes.
Dans les faisceaux quasi inexistants des lanternes et sous le joug des pupilles dilatées du Maître…
Elle n’était qu’une proie dans l’attente du coup grâce…

Le second lui visait le flanc ; elle tournoya sur elle-même pour dévier le coup au sol.
Des étincelles surgirent à leurs pieds lorsque la vibrolame frotta sur les pierres.  
Et un troisième. Et un quatrième.
Le Maître se ruait sur elle et à chaque fois, chaque nouvelle tentative, elle pouvait sentir sa force être surplantée par son adversaire…
Si elle y allait de force brute, elle ne s’en sortirait pas : elle ne faisait pas le poids.
Sa tête n’arrivait pas à se taire.
Les assauts se faisaient de façon frénétique et à quelque part…
Elle avait simplement l’impression qu’il la testait.
Elle s’était mise à respirer lentement. À épier les contours de ses attaques ; les contrejours de son anatomie.
Il était une force crue.
Elle serait patiente… Pas comme une guerrière, mais comme une voleuse.
Comme Qi’ra de Corellia.
Elle inspira… Et elle sut qu’elle avait une chance lorsqu’il avait soulevé son arme un peu trop longtemps.
Elle en avait profité pour retourner sa lame non pas dans le but de blesser, mais de désarmer.
Elle avait choisi sa cible : le poignet droit et elle s’était mise en position… Une position que Vos affectionnait tout particulièrement à chaque fois qu’il la mettait au tapis.  
Et avec le manche de sa vibrolame et le dessus de son coude, elle avait frappé avec une précision qui avait eu l’effet escompté : il avait été surpris et il avait lâché prise…
Qi’ra en avait profité pour récupérer l’épée et se remettre en position, le souffle court, le cœur sur le point d’exploser.

« Bien… Très bien. » Ronronna-t-il en l’encerclant, prédateur, un pas devant l’autre et le bruit de ses membres cybernétiques… Et il attrapa une arme à sa ceinture… une lame qu’elle reconnaitrait entre mille.
Vos.

« Quelle dommage que vous n’ayez pas été là, Milady. » Ses tatous bougèrent en ce qui lui apparaissait comme un sourire :  « Vous auriez… Peut-être pu intervenir, en effet… »

Il se mit également en position, miroitant sa propre posture et Qi’ra sentit qu’il venait de gagner avant même qu’il ne lui fasse la démonstration.
Elle l’avait esquivé à deux nouvelles reprises, mais cette fois, le Maître avait compris comment cette… humaine avait réussi à le désarmer aussi promptement.
Il la rappela à l’ordre d’un dernier coup en déviant ses deux lames et en précipitant son pied à sa gorge.
Ses membres tremblèrent sous l’impact.
Elle avait roulé au sol en tentant de garder ses deux lames près d’elle… Mais elle avait perdu son focus.
Elle n’arrivait plus à respirer…
Et pourtant, elle cherchait encore à se défendre, à tenir le combat.
Ses épaules étaient secouées par une toux râleuse ; le goût de cuivre sur sa langue lui donnait envie de vomir.
Dryden n’avait jamais été faible. Il avait démontré à plus d’une reprise qu’il excellait au corps à corps… Mais elle n’avait jamais eu affaire à quelque chose de comparable.
Le membre postérieur gauche cybernétique du Maître la retourna sur le dos avant de se poser sur son sternum, la pointe sur sa gorge.

« Il vous a bien appris. » Débuta-t-il tandis que son pied appuyait un peu plus sur sa trachée.
Il lui servit un sourire ; mi-satisfait, mi-irrité dont elle ne pouvait pas comprendre le sens : « Mais rappelez-vous, Qi’ra… Un maître ne révèle jamais toutes ses armes… » Il s’était penché vers elle, la voix minaudante, trop minaudante pour ne pas être dangereuse : « Surtout pas à son apprenti… Et vous n’êtes que l’apprenti de l’apprenti. »

Dans sa façon de bouger, de relever juste assez ses lèvres pour lui adresser un rictus qui lui certifiant une chose : il était au courant…
Et il avait été content de sa réponse.
Il lui tendit une main.
Cette même main que Han lui avait jadis tendue.
Puis Dryden.
Le torse bombé, la tête haute ; il était assuré.
Elle obéirait.

« Viens, Qi’ra. »

Soudainement si personnel… Elle avait frémi une nouvelle fois.
Et elle n’avait pas su refuser.
Elle s’était relevée, hypnotisée par l’ambre des prunelles du Zabrak ; les contours de ses tatous ; l’écarlate de sa chair… Et cette étrange curiosité qui l’habitait.
Il ressemblait à sa propre planète.
Il s’était imposé… Et elle s’était soumise.
Les lèvres serrées et le regret au fond de son ventre.
Maul la terrorisait… Parce qu’elle était incapable de le lire comme tous les autres.
Il savait et … elle n'arrivait pas cibler si la situation l'avait divertie ou agacée…
Mais il avait accepté de lui laisser sa chance, sans jamais mentionner quoi que ce soit.
Il tenait le silence en otage au-dessus de tête ; une promesse qui elle, contrairement aux autres, n'hésiterait pas à se conclure en acte à la première déception.

En six ans de collaboration, Maul et Qi'ra fonctionnaient par silence.
Le plus étrange était comment une conversation qui aurait dû durer plusieurs heures pouvait se condenser en une seule et des absences de mots entendus.
Ils ne disaient rien pour se compromettre et Qi'ra lui en était reconnaissant.
ils étaient ce duo étrange qui avait une dynamique qui semblait échapper au reste du Monde.
Avec les années, elle avait appris à affectionner le Zabrak d'une manière indéfinissable.
Elle avait le deuil de la définir.
Mais cette affection, pour ce qu’elle signifiait, lui était rendu par des gestes qui auraient sans doute été insignifiants au commun des mortels.
Elle était témoignée brièvement, sans qu’ils en discutent outre-mesure.
La remémoration de chacune de ses préférences alimentaires alors qu'elle était la seule à dîner sous le regard parfois avide du Dathomirien.
Elle n’avait pas besoin d’explication pour comprendre qu’avoir été coupé en deux laissait des séquelles dont la plupart des plaisirs humains. La préparation d'une chambre Dathomir qui était toujours dans le même ordre dans lequel elle l'avait laissé.
Elle n’en faisait jamais la remarque : elle faisait en sorte de l’accommoder lors de ses brefs passages sur le First Light.
Il lui rendait la pareille en ayant aménager un chambre à Dathomir, chambre qui était toujours dans l’état exact dans laquelle elle l’avait laissée.
Leurs entraînements aussi avaient pour effet de lui révéler un certain respect. Certes, elle ne recevait que peu de compliment, beaucoup de provocation, mais le sourire satisfait de Maul lorsque les coups étaient à la hauteur de ses attentes était suffisant pour qu’elle comprenne qu’il avait apprécié la tournure de leurs échanges.
Elle ne serait jamais ce qu’il appelait « apprenti » - elle en était reconnaissante, d’ailleurs, mais ses techniques s’étaient améliorées et le peu de la Force qu’elle savait utiliser, Maul en avait rapidement pris conscience et en avait été agréablement surpris.
Il voulait trouver les limites de Qi’ra et il les explorait ; les exploitait avec acharnement…
Et il avait toujours à des fins qu’elle-même était incapable de considérer. Elle n'avait jamais su quelles étaient les intentions de Maul en-dehors de leur partenariat…
Elle savait seulement qu'il portait attention, de la façon la plus abstraite, inconsciente…. Mais surtout respectueuse.
La plus marquée des démonstrations pour cette effusion de confiance était la toute première fois où Maul s'était endormi dans la chaise de pilotage lors de leur voyage dans l’Outer Rim.
Cette vulnérabilité l'avait mise dans un état d’attendrissement malgré la méfiance qui restait toujours dans un coin de son esprit.
Elle était à l'aise avec lui parce qu'il était pratique, réservé, distant et qu'il limitait leurs contacts physiques au strict minimum ; il était à l'aise avec elle pour les mêmes raisons.
Et leurs intérêts communs étaient beaucoup trop similaires pour tenter de briser l'alliance qu'avait forgé la mort de Dryden Vos.
Et pour la première fois, Qi’ra savait à qui elle appartenait et comment y appartenir.

Promue en tant que Figure de Crimson Dawn et à la merci de celui qui se présentait comme Maul, Qi’ra avait compris qu’elle serait toujours prisonnière de ses chaînes…
Mais elle avait également compris qu’elle ne serait jamais plus près d’être libre que sous la main du Zabrak.  
Leur entretien n’avait jamais été une affaire de souffrance ou de punition ; il suffisait d’être à la hauteur.
Et contre les attentes de Maul… Et contre ses propres attentes, elle pouvait devenir plus.
Elle pouvait être la Figure de l’Ombre.


QUI ES-TU ?

pseudo/prénom : Cath ou Velours, selon l'endroit.âge : 29 ans.comment avez-vous connu le forum ? PRD.un dernier mot ? À vous les studios!


Dernière édition par Qi'ra Dawn le Jeu 11 Mar - 21:49, édité 4 fois
Mar 9 Mar - 12:36
Invité

Invité

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Bienvenue sur le forum o/
Quelle longue fiche ::19:: waaaa ! A très vite pour de belles aventures !
Mar 9 Mar - 14:01
Qi'ra Dawn

The Shadow's Face

Qi'ra Dawn
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Merci merci, Izel! ::2::
Héhé! Il reste à corriger quelques phrases et décortiquer la première section avant de la soumettre à la révision administrative! ::3::

À très très vite! ::56::
Mer 10 Mar - 17:02
L'empire

Long live to Empire

L'empire
https://vaurien.forumactif.com
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J'ai tout relu (non je ment xD) les 20 pages de la dernière fois m'ont déjà suffit ::3::
Jeu 11 Mar - 17:44
Qi'ra Dawn

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Après ça dit que ça aime la lecture, krkrkrkr! *tire la langue*
Ven 12 Mar - 17:50
Nicholas Miller

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Image : Qi'ra - « He got out, I didn't »  -  Jzla2UW
Voilà voilà !

Tu me diras ce que tu veux comme texte de rang Qi'ra - « He got out, I didn't »  -  1f61c
Mar 16 Mar - 14:19
Qi'ra Dawn

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Merci pour la validation, Nicho - et désolée du temps de réponse!

Pour le rang, je dirais : « The Shadow's Face »
Étant donné qu'elle est la visage public de Maul et de Crimson Dawn :D
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